La Tête or

Morina Mongin


Un poème édité au format d’un grand carnet de feuilles d’or, LRC, Paris, 12 x 12 cm, 2016, imprimé sur vélin narcisse du moulin Richard de Bas, 20 exemplaires sur 50 sont augmentés d’une gravure frontispice originale signée Miloslav Moucha, 5 exemplaires réservés aux collaborateurs (photo © Michèle Garrec).

Les jours d’été où j’appris comment dorer les têtes des livres m’ont transportée dans la dimension incarnée et poétique du métier. Relieur : celui qui rend tangible l’ineffable de la langue, par les contours d’un texte et les lignes d’un corps dit « d’ouvrage ». Relieur en amont des prochaines morts du livre, qui sans lui resterait dans ses habits d’impression — en feuilles ou broché.

 

L’écriture suit au plus près la technique : ingrédients, préparatifs, disposition du corps et de l’âme, température du jour — texture du blanc d’œuf en relation directe avec la fraîcheur de la colle de pâte, assez liquide…

 

Mais il se joue autre chose dans la vêture d’or d’une tête !

 

La Tête or est une métaphore de notre rapport à la verticalité, au désir d’effleurer cette possible « aura », vibration spirituelle et/ou dimension transcendante au sein même du plus concret : un livre, un corps.